L’église St Antoine

N°25 - L'EGLISE DE CHOISEY DU XIIe AU XXIe SIECLE

Tous les anciens pouillés mentionnent son appartenance au chapitre bisontin de Saint Etienne. En 1139 l'archevêque Humbert De Scey confirme cette appartenance, ainsi que les papes Eugène III et Honorius III successivement en 1145 et 1148.

Aucune source textuelle ne positionne explicitement l'église primitive dédiée à l'origine à saint Sulpice. Seul le mur de chevet plat du choeur pourrait dater du 12e siècle. Ce mur ouvert par quatre baies montées en belles pierres de taille est presque entièrement caché par la sacristie. Très étroites, avec un important ébrasement extérieur, elles sont de pur style roman. La quatrième baie centrée au-dessus des trois autres, donnait sa pleine lumière sous la ligne de faîte du toit, ce qui laisse à penser que l'église primitive n'avait ni voûte pierrée ni autre plafond.

Le même mur était recouvert à l'intérieur d'une grande fresque aujourd'hui entièrement martelée. On peut encore y distinguer quelques éléments de décoration, des colonnades avec chapiteaux et un grand personnage assis en leurre dans une niche et tenant un livre.

Au bas du mur est adossé un grand autel en pierre locale beige et rose, surmonté d'un large renfoncement voûté qui a pu servir de reliquaire. Un visiteur du chapitre bisontin dit que cet autel aurait été consacré par Jean D'Anvers, évêque de Salone vers 1520, "à en croire la cédule retrouvée dans le sépulcre de l'autel". Tous ces éléments muraux ont été visibles lors de la descente du retable pour sa réfection en 2002 par le maitre BARRET.

Au 15e siècle, le clocher sera monté sans son 2e étage avec sa chapelle à voûtes de croisée d'ogives et son toit à flèche.

Au 17e siècle, le choeur, la nef, et la chapelle à droite du choeur, recevront des voûtes d'arêtes, et la chapelle Ste Anne et St Paul, des voûtes à croisée d'ogives. Pour une bonne acoustique on avait introduit dans les voussures des plafonds des poteries. Seul l'orifice des goulots était visible. Tout a été obturé lors du jointoiement des pierres. C'est au milieu 19e siècle, qu'une nouvelle chapelle à voûtes d'arêtes, sera édifiée à gauche du choeur, sur l'emplacement de l'ancienne chapelle seigneuriale dite de St Antoine, ou de Lambrey, du nom d'un de ses possesseurs qui était au début 15e siècle coseigneur de Choisey.

Après 1760, le clocher déclaré "en ruine" sera restauré et recevra un deuxième étage, le beffroi des cloches sera entièrement refait avec des madriers neufs et un escalier de pierre en colimaçon donnera un accès extérieur au clocher.

En 1864 les frères Ungerer de Strasbourg installeront le mécanisme d'une horloge dans une grande armoire vitrée, qui restera fermée même pour le remontage. Ce petit chef-d'oeuvre a disparu lors de l'électrification de l'horloge et de la sonnerie. Le clocher qui a toujours porté une haute flèche, sera coiffé au 19e siècle d'un très beau dôme comtois avec tuiles arrondies de couleurs vernissées. Démonté pièce par pièce en 1943 sur ordre allemand, il ne sera cependant pas remonté comme prévu, avec ses tuiles de couleurs, (brunes, jaunes et vertes) mais sous la forme qu'on lui connait.

A propos du saint patron de l'église de Choisey, Etienne De Lambrey note en 1537 "la chapelle fondée en l'honneur et révérence de Monsieur St Antoine est depuis longtemps en ruine, tellement la desserte convient d'être faite, au grand autel de la dite église". Dès lors, St Sulpice va être progressivement supplanté par St Antoine qui deviendra à la fin 18e siècle le saint tutélaire de l'église.

Dans la chapelle dite "du Rosaire" sous le clocher, les arcs des ogives reposent sur des culots sculptés représentant l'un, un visage renversé semblant avaler une ogive, son vis-à-vis est un aigle pliant la tête pour blottir ses oeufs sous son aile. Les deux autres culots montrent chacun une tête de femme, l'une est surprise, l'autre éplorée.

L'ancienne chapelle de St Paul et Ste Anne érigée à l'époque de « Pierre DE CHOISEY ", alors seigneur du lieu et de Parthey, a vraisemblablement été détruite et reconstruite en 1620. On peut y reconnaitre sous la fenêtre, l'ancienne pierre de dédicace à Madame Ste Anne de l'an 1420. Dans la nef, une ancienne entrée surmontée d'un arc brisé, aujourd'hui obturée, pourrait être l'ouverture d’un petit oratoire dédié à un saint vénéré de l’époque. Reprise en 1462, par les MARTIN, nouveaux seigneurs de Parthey et Choisey, la chapelle Ste Anne restera toujours et exclusivement sous le patronage des seigneurs de Parthey.

Lors de la dernière restauration de l'église, une partie du mobilier ; la chaire surmontée de son ange à la trompette, le chancel de fer forgé, les retables des chapelles, les tableaux peints, les bans d’église, les lustres, etc, n'ont pas réintégré l'église, probablement pour la rendre plus sobre et plus priante. Cependant on peut déplorer aujourd'hui la destruction des peintures murales du choeur et des voûtes des chapelles qui apportaient les notes colorées de leur époque.

Cependant, après ce sévère dépouillement qui ne s'imposait peut-être pas, on peut avec plaisir y remarquer le grand retable, joyau de l'église, habilement restauré par Maitre Baret en 2002. D'un style un peu local, un peu baroque, sans verser dans l'exubérance, il resplendit aujourd'hui dans ses couleurs et dorures d'origine. Au centre du retable, le grand tableau de saint Antoine ermite au milieu de décors antiques, en est la pièce maitresse. Il a été peint par Denis François Xavier Bourges, né en 1797 à Rahon, élève du marquis Jules César De Valdahon dont les descendants seront châtelains de Parthey.
Deux saints en bois polychrome sont à l'honneur dans leur niche de chaque côté de ce tableau. A droite, probablement Saint Paul est sidéré par sa vision, il a perdu son avant-bras et son épée. A gauche, Saint Sébastien commandant de la garde prétorienne devenu chrétien est percé par les flèches de Dioclétien. Un bel autel et son tabernacle, monté en marbre blanc, rose et noir, d'extraction jurassienne, recouvre l'autel sépulcral primitif. Deux petits reliquaires semblent contenir d'après les inscriptions, des os de saint Martin ? Sur la partie gauche de la première marche de surélévation du choeur, là, où le grand chancel de fer forgé séparait le choeur de la nef, on peut remarquer une dalle funéraire un peu effacée qui semble être celle de Huguenin De Choisey, seigneur de Parthey et Choisey mort vers 1420.

 A droite du choeur, dans la chapelle dite "du Saint-Esprit", un Christ en bois, 16e siècle, a été réinstallé sur une grande croix. Au centre, une très belle vasque en marbre rose local, donne à ce lieu une fonction de baptistère. A l’Est, un grand vitrail accueille la lumière du levant à travers un très beau mélange de couleurs.

Dans la chapelle sous le clocher, outre les culots sculptés déjà décrits, on peut admirer sur le mur nord, un saint Roch en pierre, récemment restauré, de la fin XVe siècle. Il a de grands cheveux, il porte sa besace et expose une plaie bulbeuse sur sa cuisse. Il est classé monument historique.

En face, à l'intérieur de la chapelle Ste Anne, la niche du mur nord laisse apparaitre un angle de bâtiment qui se prolonge au-dessus des voûtes, il est surmonté
d'une corniche visible sous le toit de la chapelle. Avec le chevet du choeur, cette partie de bâtisse, pourrait faire partie de ce que les guerres et le temps ont laissé de l'église romane du 12e siècle.

A gauche du choeur, dans la chapelle dite "De Menthon", une dalle funéraire a été dressée. Guillaume De Rouhault y est représenté dans son revêtement d'écuyer, l'épée au côté. Bien avant son relèvement, un écusson figurait de chaque côté de sa tête, aujourd'hui l'écusson senestre (gauche), celui de l’épouse, a été découpé. Une inscription contourne le personnage "+ Cy git.......e de Rouhaul escuyer sire de Choisey en partie lequel trespassa au moy de mars l'an de grace M.CCCC et IIII. Dieu ait son âme. amen". . (1404) Elle est classée monument historique.

On peut admirer dans la même chapelle, un vitrail représentant St Bernard De Menthon protégeant un pèlerin et maitrisant un dragon. Il porte le blason des Menthon " De gueules au lion d'argent, à la bande brochant d'azur ". Au bas à gauche on reconnait le chien St Bernard et son tonneau et en haut à droite, en très réduit le château de Menthon en Savoie, toujours en possession de la même famille, depuis mille ans.

Le vitrail a été réalisé sur un carton de Claude Panchout par le maitre verrier A. Labouré en 1954. Cette chapelle a été édifiée par Anne Richardot De Choisey, épouse de Louis Baltazard Bernard comte De Menthon. Elle repose auprès de ses parents.

Le sol de ladite chapelle, celui du choeur et celui de la nef, sont tous entièrement recouverts de dalles funéraires de paysans de seigneurs et de prêtres, qui pour certains se sont fait enterrer du 13e au 19e siècle.

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